vendredi 20 avril 2012

La traduction 2.0


Quand je regarde la date de mon dernier billet, ma tête tourne…mais comme je l’avais dit le 3 novembre 2009, je ne suis pas blogueur professionnel, et mon activité d’interprète, principalement, ces deux dernières années, m’a bien occupé.

Mais vous n’êtes pas ici pour savoir si je publie ou pas, mais pour parler terduisache…pardon : traduction !

Et en fait, c’est la lecture d’un billet intéressant de Céline @Millionaire, ma voisine millionnaire que je suis sur Twitter, qui m’a incité à revenir bloguer ici. Céline parlait du Google translator’s kit et de la « base mondiale de traduction » vantée par ses promoteurs.

Pour rappel, cette base est alimentée par les traducteurs du monde entier utilisant le fameux kit. C’est le même principe actuellement sur Linguee; on invite l’internaute à dire si la traduction est bonne ou non, à l’aide d’un pouce levé ou baissé qui rappellera les jeux du cirque aux latinistes…

Et c’est là que la traduction 2.0 me gêne.

Inscrit sur Proz, j’y vais de temps en temps aider mes collègues en échange de l’aide que j’ai déjà reçue sur ce site. Ce type d’échange entre professionnels est sympa et très bien encadré par les modérateurs. Les petits malins qui voudraient faire faire leur travail par les autres sont vite repérés. Pas de souci.

J’aime également consulter les forums de WordReference, bien encadrés également.

Mais donner mon avis d’expert gratuitement à tous les sites qui me le demandent me pose problème.

Tout d’abord, parce que ça encourage la culture du « tout gratuit sur le net ». Non, tout ne peut pas être gratuit sur internet. Les services professionnels sont payants et c’est normal. En revanche, c’est bien volontiers que je partage mes expériences de bricoleur du dimanche sur un blog dédié.

Ensuite, cela alimente le réservoir informe, le fourre-tout de la traduction non professionnelle sur la toile. Ma Voisine Millionnaire le décrit très bien dans son billet. Je milite plutôt pour une meilleure qualité de la traduction.

Et puis, cela se base sur le principe que « le nombre garantit la qualité ». Un peu comme le journalisme 2.0 : si tout le monde le tweet, c’est que c’est forcément vrai.
Eh bien non.
Même si beaucoup d’entreprises françaises traduisent carton (dans le sens de « colis ») par cardboard, il n’en reste pas moins vrai que les Anglaises qui commandent leurs chaussures sur le net poussent leur fameux cri en recevant une « box ».

Enfin, j’ai l’impression que c’est à l’origine de la recrudescence des experts autoproclamés, et autres « curieux de la langue » qui soit contestent systématiquement la traduction qu’on leur livre, ou alors confondent leur traducteur avec leur prof d’anglais et s’embarquent dans des discussions sans fin sur le mérite de tel mot par rapport à un autre….Une traductrice néerlandais-anglais m’avait raconté il y a quelques années le mal qu’elle avait eu à convaincre un chercheur, natif de l’autre pays du fromage, qui insistait pour inscrire « extraordinary professor » sur sa carte de visite !

Alors, est-ce que je suis le seul à penser cela ? Est-ce que je ne suis qu’un génération X grincheux qui refuse de participer au 2.0 et au collaboratif ?

On peut quand même se demander pourquoi, dans un monde où le moindre conseil professionnel se monnaye, la traduction devrait faire exception.

Vos commentaires, comme toujours, sont les bienvenus !

Photo : Danard Vincente

mardi 3 novembre 2009

Termium gratuit




Comme l'a signalé Valérie Bélanger sur son blog, (merci Laurent), la maintenant légendaire base de données canadienne Termium Plus est désormais proposée gratuitement. Si vous ne savez pas encore ce qu'est termium, c'est ici.
Des heures de plaisir...et d'efficacité !

Je ne poste pas beaucoup...


...mais je me soigne !


Comme l'a très justement écrit Laurent sur NJATB :
[si je ne publie pas] Après tout, tant mieux : un blog de traduction trop prolifique pourrait signifier que son auteur occupe son temps par manque de travail


C'est donc parce que mes vendredis après-midi ont été bien chargés, merci, que je n'ai pas été très présent. Pour être totalement honnête avec vous, il m'est aussi arrivé de commencer un billet pour m'apercevoir qu'un autre (voire plusieurs) blog de traducteurs avaient dit cela bien mieux que moi.
J'ai entendu lors d'une récente conférence que "le but d'un blog est de flatter son égo". Si je ne nie pas que je suis fier d'intéresser mon lecteur, le but n'est pas de produire des billets pour produire des billets...Pour ce qui est de mon égo, j'ai la chance de faire pas mal de missions d'interprétation où mes clients me félicitent en direct. Comme je finirais par les croire, mieux vaut ne pas y ajouter de l'autosatisfaction sur le présent blog !


A bientôt !


Photo : " Erica Marshall of muddyboots.org "

lundi 12 octobre 2009

Crowd sourcing, le retour !

Suite à mon précédent billet sur ce sujet, on lira avec attention cette nouvelle :
Twitter cherche bénévoles pour se lancer en français.

Je crois que je n'arriverai jamais à comprendre comment des entreprises commerciales pures et dures (Coupe du monde FIFA, Jeux Olympiques, Twitter, etc) peuvent faire appel au bénévolat pour les aider à faire d'avantage de bénéfices...Mais si ça marche, pourquoi s'arrêter ?

J'imagine mal une agence de traduction faisant appel à des commerciaux bénévoles pour vendre ses prestations, mais peut-être que je manque d'imagination ?

Comme toujours, vos commentaires sont les bienvenus, surtout si vous êtes un fan de Twitter et/ou un traducteur bénévole potentiel.

mercredi 30 septembre 2009

Journée mondiale de la traduction 2009

Travailler ensemble
Pour l’édition 2009 de sa Journée mondiale de la traduction, la Fédération internationale des traducteurs (FIT) engage une réflexion collective sur les nouvelles possibilités de travailler ensemble et les avantages y afférents
« Les jours du traducteur farouchement solitaire, accomplissant son travail dans un isolement absolu, sont comptés », présagent de nombreux experts du secteur. Non pas qu’une vague de collectivisation se prépare :
l’essentiel de la valeur ajoutée des métiers de la traduction repose toujours sur des éléments intensément personnels.
Mais les innovations technologiques et les modifications profondes des marchés de la traduction et de l’interprétation ont incontestablement fait tomber des barrières. Des professionnels établis aux quatre coins de la planète peuvent désormais se connecter pour participer à un véritable dialogue mondial. Ils sont ainsi amenés à porter un regard neuf sur leurs anciennes méthodes de travail : la porte s’ouvre sur de nouvelles opportunités.
L’arrivée sur ces mêmes marchés de clients plus exigeants, de projets plus complexes et parfois de délais plus serrés, renforce l’intérêt naturel d’un échange d’astuces, d’informations et de bonnes pratiques.
Des exemples ?
• Tout le monde le sait : les échanges directs entre les prestataires de traduction – traducteurs d’édition, interprètes de conférence ou de liaison, traducteurs techniques, terminologues, adaptateurs de l’audiovisuel, etc.
– et leurs clients permettent de mieux cerner les messages à véhiculer, tout en sensibilisant l’acheteur au « plus » que représente une bonne, voire une très bonne traduction. Nul doute que ces clients engagés, proactifs – qu’ils habitent de l’autre côté de la rue ou à cinq fuseaux horaires de leurs fournisseurs – obtiennent des traductions de meilleure qualité et offrent des conditions de travail plus favorables.

Q : Comment encourager les utilisateurs de traductions à s’impliquer dans le processus ?
• Les nouvelles normes en matière de traduction insistent sur l’importance de la révision. Une traduction exige notamment l’intervention d’au moins un réviseur, si ce n’est plus.

Q : Trop de cuisiniers gâtent-ils la sauce ou bien la révision fournit-elle un tremplin à des échanges enrichissants entre collègues ?
• L’envolée des projets multilingues implique une coordination des équipes porteuse d’échanges enrichis. Elle produit en outre un effet de levier, qui consiste à exploiter une solution trouvée au niveau d’une combinaison linguistique pour l’appliquer à d’autres. Parfois même, des projets ne sont confiés qu’à des professionnels disposés à travailler de concert avec d’autres confrères. En d’autres termes, la gestion de projets n’a jamais été aussi importante !

Q : Comment les prestataires de traduction adoptent-ils, adaptent-ils ou créent-ils des procédés permettant de travailler ensemble rapidement et efficacement ?
• Pratique, théorie, gestion de l’information : aujourd’hui, les traducteurs et interprètes s’appuient sur les travaux de leurs collègues terminologues et, dans certains cas, des universitaires, afin de mieux répondre aux besoins d’une clientèle diverse et variée : maisons d’édition, sociétés d’import / export, promoteurs d’actions culturelles, scientifiques...

Q : Comment optimiser l’expertise de ces acteurs multiples – acteurs qui travaillaient jadis « chacun dans leur coin » ?
• Pour les associations professionnelles des métiers de la traduction et les autres protagonistes de
l’industrie des langues, la communication (de près ou de loin) n’a jamais été aussi facile. Dialoguer avec l’étranger s’effectue en un clic de courriel ; réseauter permet d’élargir son périmètre d’influence au-delà de niveaux insoupçonnés il y a encore quelques décennies.

Q : Comment les associations les plus novatrices tirent-elles profit de ces nouvelles ressources pour promouvoir de bonnes pratiques professionnelles et donner plus de poids à leurs actions ?
Ces défis et bien d’autres encore seront au centre des débats de cette année, la FIT invitant ses associations membres à analyser comment les langagiers peuvent, par un travail d’équipe, aider les citoyens du monde entier à mieux vivre, apprendre et travailler ensemble.

La Fédération internationale des traducteurs est une fédération mondiale d’associations professionnelles regroupant traducteurs, interprètes et terminologues. Elle compte 107 membres dans plus de 60 pays et représente, à ce titre, plus de 80 000 professionnels.

mercredi 26 août 2009

Le crowdsourcing et comment mal s'en servir

Merci à Céline Graciet de Naked Translations de m'avoir fait connaitre cette présentation de notre consoeur Rachel McRoberts. Si vous souhaitez tout savoir sur l'utilisation controversée consistant à faire appel à un groupe d'amateurs pour se passer des professionnels, vous saurez tout ici : http://www.slideshare.net/rmcroberts/linkedin-crowdsourcing-translation-controversy (en anglais). Un point de vue intéressant pour les débutants traducteurs/trices qui seraient tentés, en toute bonne foi.

jeudi 13 août 2009

La fin des interprètes ?


UN HOMME POLITIQUE belge, un brin provocateur, faisait remarquer lors d’une conférence internationale à Lille en juin « Dans les conférences internationales, quand les participants mettent le casque pour la traduction simultanée, on sait d’où ils viennent » (Sous-entendu : de France). La solution logique, comme dirait mon fameux tonton Marcel, c’est que les Français apprennent les langues étrangères, et tout au moins l’anglais.

MAIS, me direz-vous, si tout le monde parle anglais, les interprètes seront au chômage ? Je ne pense pas.

JE NE PENSE PAS car on ne peut évidemment pas s’attendre à ce que tout le monde atteigne un niveau d’anglais utilisable. Un employeur ne pourra jamais n’embaucher que des ouvriers ou des manutentionnaires bilingues. Et j’interviens régulièrement chez mes clients pour des projets où cette catégorie de personnel est impliquée, et indispensables au succès du projet. Autre exemple, quelle mairie restreindrait son programme d’échange avec l’Angleterre aux seuls habitants (retraités, mères de famille,…) parlant la langue d’Harry Potter ? La douzaine d’habitantes du Dunkerquois que j’ai accompagnées dans le Kent doivent encore raconter à leurs familles cette fameuse journée. Et c’est une énorme satisfaction pour moi de rentrer après une (longue) journée outre-Manche en me disant que j’ai aidé des gens à connaître une autre culture, voire à changer d’avis sur les voisins de l’autre côté. C’est particulièrement vrai pour le Royaume-Uni.

JE PENSE également que l’interprète apporte un niveau de qualité, donc de confort d’écoute, supérieur. N’en déplaise à ce politicien belge cité plus haut, lui-même quadrilingue, un scientifique qui doit écouter des présentations pendant 2 jours apprécie la traduction simultanée dans sa langue. Et cela, même si les scientifiques qui souhaitent publier parlent aujourd’hui l’anglais.

DANS un contexte purement commercial, que l’on ait en face de soi un fournisseur partenaire avec qui on va développer un nouveau produit, ou un client anglophone, il faut être efficace. Si le niveau d’anglais suffit pour un échange par courriel, voire de courtes conversations téléphoniques, le contexte est maintenant différent. On ne voudra pas ennuyer ou agacer en se battant avec les problèmes de vocabulaire et une grammaire approximative. Je ne citerai pas le nom de ce grand patron américain de l’informatique qui s’est endormi (brièvement) pendant une présentation de diapo. La commerciale française parlait pourtant bien la langue de Paris Hilton avec ses collègues US au téléphone…
Autre circonstance où l’interprète sera toujours indispensable, c’est quand une entreprise doit faire passer un message. L’entreprise qui a fait appel à mes services fin 2008 pour présenter sa stratégie de crise à ses franchisés l’a bien compris. C’est ici la même préoccupation de qualité que pour la traduction écrite (voir un précédent billet)

ENFIN, si j’en crois beaucoup de mes clients en interprétation, il restera le problème de l’accent. S’il nous arrive, à nous interprètes professionnels, de devoir nous adapter pendant quelques minutes à l’accent de l’orateur, certains clients font eu un blocage total. Si les latins sont réputés facile à comprendre pour un français («Maille ném is José Luis, aille com from Espain » aimait dire cet ami étudiant espagnol rencontré au États-Unis), ce n’est pas forcément le cas des Germaniques, des Asiatiques, et a fortiori des Asiatiques vivant en Allemagne (Ce cas m’est arrivé récemment lors d’un congrès sur les écomatériaux ! Ma consoeur à mes côtés souffrait pour moi...). Comme 60% de l’anglais parlé en Europe l’est comme langue étrangère, les interprètes ont forcément une expérience dans ce domaine.
Je ne vois donc pas de menaces sur le métier d’interprète, même si la politique d’apprentissage des langues dans les écoles et les entreprises de France devait d’un seul coup s’accélérer !

BONNE continuation aux confrères et consœurs encore en vacances, et bon courage à ceux qui sont rentrés !